Solune chap8,4

on idée avait du porté ses fruits, bien moins de chasseurs de prime osèrent maintenant affronter les brumes et ce qu'elles dissimulaient, mais nous ne pouvions toujours pas sortir sans craindre pour nos vies. Ayant moins de risque d'être surpris par un rôdeur, j'eus à nouveau l'autorisation de quitter les ruines pour aider Feun dans sa surveillance.

J'étais allé voir si l'illusion d'un nécrophage herbeux tenait toujours, quand, au retour, je trouva un rocher moussu où m'assoir. J'étais plus que dépassé par les évènements, et tout ça à cause d'un pauvre coquelicot. Perdu dans mes pensées, je le sortit de ma besace pour le faire tourner entre mes doigts. Ensorcelé, il n'avait pas fané, et ses fragiles pétales lui donnaient l'air d'avoir été cueilli à l'instant.

Me voyant longuement silencieux, Akroa m'interrogea du haut de mon chapeau:

- Koa?

- C'était quoi ce bruit? fit une voix inquiète non loin.

- Une grenouille... soupira une autre. C'est normal d'en entendre dans un marais.

- Et l'autre truc, avec plein de dents, c'était normal aussi?

- Ce n'était qu'un illusion, je vous l'ai déjà dit. Et faites donc votre boulot au lieu de discuter. Ils sont certainement dans le coin.

La première voix grommela avant de se taire. Je me coula prudemment derrière mon rocher, louant la brume qui m'avait dissimulé à leurs yeux. J'avais un avantage sur eux: depuis le temps que j'y étais, je connaissais plutôt bien les environs. Je fis donc volte face pour partir en courant vers les ruines.

Mais une brise du atténuer l'épaisseur du brouillard, ou ils étaient plus proche que je le pensais, car l'un d'eux s'écria:

- Là! Y'a un truc qui bouge!

J'entendis un bruit de corde tendu qu'on lâche vivement et senti presque aussitôt une douleur fulgurante dans l'épaule. Je trébuchais sous l'effet de la poussée et me cognais la tête contre un rondin à moitié pourri. Je n'eus pas le temps de voir trente six chandelles que tout déjà était noir.