L'art de la prière

Publié le par Sombrelün

e temple, impossible de le manquer, et pour cause, c'est le seul bâtiment en pierres blanches du bourg, et aussi le plus gros. Parce qu'il contient de nombreux esprits à adorer?

Avec Tipiu sur l'épaule, j'entrais dans la bâtisse où flottait une lourde odeur d'encens. J'examinais avec circonspection les statues exposé sur divers autels, quand une voix mielleuse surgit soudain:

- Maitre Sombrelün, mais quel honneur de vous voir dans ce modeste temple! Quel bon vent – hum, si on peut dire – vous amène ici?

Un homme plus tout jeune, en bure immaculé et sandales usées s'approcha, un sourire affable aux lèvres. Avec ce que m'en avait décrit mon Maitre, je n'eus aucun mal à reconnaître le grand prêtre Kélou, aux idées si arrêté sur les bonnes mœurs. Aussi piètre opinion avait-il de lui, je me devais de le saluer comme il se doit, c'est à dire comme un servant des esprits.

J'inclinais humblement de la tête avant de répondre:

- Maitre Kolban m'a demandé d'apprendre à vénérer les esprits.

- Ah! Au moins un conseil avisé de ce vieux chenapan!

Et il m'emmena au pied d'une statue féminine où sommeillaient quelques oiseaux de pierre.

- Je pense que vous reconnaissez Farry, reprit-il après s'être incliné devant l'esprit. Si j'en crois l'écho du vent, elle inspire vos sorts. Nous allons faire d'elle aussi votre protectrice.

Le grand prêtre m'expliqua alors qu'il était bon d'astiquer les sandales des esprits, au moins pour avoir quelqu'un pour nous soutenir dans les plans éthérés si un jour notre cas avait à être débattu dans les instances spirituelles. Et puis même, avec un peu de chance il pourrait même donner un petit coup de pouce immatérielle. Sans oublier qu'en tant que mage, j'use plus que le quidam moyen des plans manatiques (comprendre par la les arts occultes) où les esprits gardent toujours un orteil ou deux. J'ai donc plus de risque d'en froissé un par inadvertance en usant la part de magie qu'il s'était gardé pour le gouté, si on peut dire.

Enfin, là, je vous fais la version courte, sans le détail des offrandes, des chapelets de prières à lui adresser, de la procession bi-annuelle face aux vents, ...

Alors que je sentais Tipiu dodeliner sur mon épaule et que je comprenais pourquoi mon Maitre venait si peu au temple, je fini par interrompre le prêtre dans son monologue traitant de l'influence de la qualité des encens sur l'attention spirituelle:

- Hum... grand prêtre, dans les Plaines Venteuses, l'esprit de Farry est partout en quelque sorte, puisque nous baignons dans son souffle?

- En effet, Maitre, c'est son souffle que nous respirons, qui nous fait vivre et qui...

- Donc je peux tout aussi bien m'adresser mes prières au vent qu'à cette statue la représentant, elle m'entendra aussi bien?

Je ne lui laissais pas le temps de répondre prenant son silence perplexe pour un sentiment:

- Je vous en remercie, grand prêtre, pour avoir éclairé mon regard spirituelle, comme vous dites. Et je vais de ce pas rendre hommage à mon esprit inspirateur et protecteur.

Et je quittais au plus vite le temple avant qu'il ne trouve quelque chose à rétorquer. Quant à prier Farry, je pense que cinq minutes de méditation dans un lieu exposé aux vent pourrait surement lui convenir.

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R
Magnifique, très beau blog. Bravo et bonne continuation
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S
alors comme ça on faillote, on cire les pompesd, enfin les sandales des esprits??? j'aime bien l'idée...
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