Le cours d’incantation relative promettait aujourd’hui, puisque nous devions étudier la façon dont l’univers perçoit le temps. Le professeur battit un sort de métrique très simple, vu au début du semestre, et le laissa prendre une forme à sa guise. Puis il donna un coup de bourdon n’importe où dans la masse informe sorcellaire et nous laissa observer la déformation du sort, ayant loin d’être dû au hasard. Au point frappé, deux cônes s’étaient battis, sommet contre sommet. Le professeur figea alors le sort pour nous expliquer :
- Vous avez dû tous reconnaître un sablier. Son goulot (l’intersection des deux sommets) correspond au présent, le moment où j’ai troublé le sort de mon bourdon. Le récipient supérieur contient le futur, tous les devenirs possibles de ce point particulier, et le récipient inférieur le passé, tous ce qu’il a pu être avant d’être ce que j’ai troublé.
Le sort tremblotait légèrement, bien que figé. Les deux extrémités du sablier étaient floues, se diluant dans l’air ambiant. Le professeur attira notre attention sur les bords latéraux du sablier, se démarquant bien :
- Les bords délimitent l’impossible du possible, ce qui s’y produit est du domaine de l’improbable, alors que l’axe vertical appartient à la certitude quasi certaine. A l’intérieur du sablier, le sable du temps futur passera par le goulot du présent avant de tomber dans le passé. Enfin… on n’est pas à l’abri d’un grain de sable ricochant sur une paroi et ne passant pas tout de suite le présent, mais
c’est une autre histoire…
Il se racla la gorge et repris :
- Et puis, à l’extérieur du sablier, il s’y passe des choses étranges, les effets arrivent avant les causes, si même celles-ci sont produites un jour ! Le Temps en attrape des migraines affreuses, et le Chaos y règne sans partage. Hum… Par diligence envers nos pauvres cervelles torturées, nous préférons concevoir que l’extérieur du sablier n’existe pas.
