Les duellistes d'halloween

Publié le par Sombrelün

Pour le concours "spécial Halloween" sur over-blog.
evant me rendant à une cité marchande pour affaire, je pris la route bien que la saison soit tardive. Ce que je craignais arriva, la nuit me surprit sur les routes, mais j'eu la chance d'apercevoir de la lumière au loin. Je pensais bien connaître les environs, mais j'ignorais la présence d'un village par ici. Intrigué et n'ayant pas envie de passer une nuit dehors par ce froid, je pressa ma monture et ne tarda pas à arriver à une bourgade où la populace était en liesse. Un sympathique quidam m'indiqua le chemin d'une auberge, et me souhaita en prime un "Joyeux halloween !". Je confia mon destrier à l'écurie, pris soin de prendre avec moi les fontes et entra dans la taverne.
Un homme accoudé au bar, releva le nez de sa chope vide à mon approche. Alors que le tenancier prenait ma commande il me poussa du coude, goguenard :
- Alors, jeune homme, on vient faire la fête ? Si tu me payes un verre, je te raconte une chouette histoire !
N'ayant pas grand-chose à faire de ma soirée, et la bière étant à bon marché, je laissai de ma monnaie une pièce de cuivre en faisant signe au tavernier.
- Tu ne regretteras pas mon gars ! souffla l'homme. Tu vois les deux gars, à la table du fond (coup de menton vers la table en question), et bien ce sont deux amis qui lorgnent la même femme. 'faut dire qu'elle laisse pas grand monde indifférent ! (esquisse de formes généreuses) N'arrivant pas à choisir entre les deux, la belle a annoncé qu'elle donnera son cœur et sa main au gagnant d'un duel à l'ancienne, avec les épées, les témoins, le mouchoir parfumé, et tout le bazard. Et comme elle préfèrerait avoir si possible un mari entier, 'faut s'arrêter au premier sang. Mais voilà, nos deux larrons sont aussi bon bretteur l'un que l'autre, impossible de les départager ! 'faut dire qu'ils ont appris les armes ensembles et du même maître. Alors, chaque année ils tentent, se battent jusqu'à l'aube, mais pour rien… Si je te raconte tout ça, c'est que c'est cette nuit, leur duel, tout le monde l'attend avec impatience, ça serait dommage que tu ne sois pas de la partie. Alors, ça vaut bien une chope non ?
J'acquiesça sans rien dire, observant à la dérobée les deux amis.
- Tiens, ça va être l'heure, remarqua mon voisin.
En effet, sans se consulter ils se levèrent, s'approchèrent du comptoir et tonnèrent d'une même voix :
- Patron, nos lames je te pris !
Celui-ci les décrocha cérémonieusement du mur, et leur tendit la garde. Ils prirent chacun une, et esquissèrent quelques moulinets dans le vide pour s'assurer de sa bonne prise en main. L'un d'eux, après avoir rengainer, m'avisa et dit :
- J'ai perdu mon témoin de l'année dernière, ça vous dit de le remplacer ? Et si je remporte ce duel, vous le serrez aussi pour mon mariage ! Une proposition comme ça, ça ne se refuse pas !
Sans attendre ma réponse, il me tira à sa suite dehors. Dans la rue, des badauds s'étaient attroupés. Les deux bretteurs promirent à leur belle leur victoire, se saluèrent courtoisement, retirèrent leur pourpoint pour être plus à l'aise, et dénudèrent leur lame. Le combat s'engagea, les épées s'entrechoquèrent dans des gerbes d'étincelles. Les paris allaient bon trains, les connaisseurs commentaient les bottes pendant que la foule poussait des "Oh !" et des "Ah !" quand l'un ou l'autre des duellistes se retrouvait en difficulté.
Me voyant assez inquiet par leur témérité, mon voisin de comptoir me souffla :
- Ne vous faites pas de soucis pour eux, voilà des années qu'ils ferraillent ensemble, il ne peut rien leur arriver de fâcheux !
Soudain l'un d'eux se fendit, l'autre ne pu parer, une oreille vola. Mais ils n'en restèrent pas là, continuant de plus belle.
- Mais ? m'étonnais-je. Ils ne doivent pas s'arrêter au premier sang ?
- ça fait longtemps qu'ils n'en n'ont plus, remarqua-t-il.
- Et puis, c'est plus marrant comme ça, renchérit un badaud à coté de nous. Demain, ils feront un peu de couture, et il n'y paraîtra rien.
- 'faut dire qu'ils sont bons amis. Malgré cette querelle, vous êtes certains de les retrouver au petit matin bras dessus bras dessous à chercher les doigts qu'ils ont égaré…
Me sentant mal, je préférai me retirer dans l'ombre dans une ruelle. Le tavernier, par la porte de derrière, me sourit :
- Vous êtes nouveau, c'est ça ? Ne vous inquiétez pas, c'est toujours comme ça la première fois, mais avec le temps, on s'habitue. Entrez donc boire quelque chose de fort, ça vous requinquera.
Obligeamment, il me prit le bras pour me soutenir, mais retira sa main comme s'il s'était brûlé :
- Vous êtes chaud… Un vivant c'est ça ? Ce n'est pas que je vous mets dehors, mais mieux vaudrait que vous quittez la cité avant minuit. C'est l'heure où la Faucheuse vient pendre un verre, et disons que les vivants ne le restent pas longtemps près d'elle…
Plus pâle que jamais, j'acquiesçai faiblement, avant de récupérer mon cheval et partir à bride abattue. Ce n'est que bien plus loin que je laissai ma monture souffler. En y réfléchissant bien, je me souvins que ce n'était pas une bourgade qu'il y avait sur ce chemin, mais une nécropole, qui est toujours déserte. Mais pas cette nuit, leur nuit, la nuit des morts…

Article déplacé d'un autre de mes blogs.
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Publié dans Temps d'un conte

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B
Salutations, je viens de découvrir ton blog: c'est genial ta présentation sous forme de bouquin .... !!!
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S
<br /> Merci beaucoup!<br /> Bonne lecture! <br /> <br /> <br />