Tourte et enchantement
e retrouva deux jours plus tard Caim, mon jeune client, accompagné du reste de sa bande, des garçons d'âge variés. Mais, pour être honnête, ce qui retient mon attention fut surtout ce qu'ils apportaient, non seulement ce que j'avais demandé pour l'enchantement, mais aussi une tourte et trois pots de confitures.
Caim me passa le matériel nécessaire tout en faisant signe de menton à ses camarades de déposer les victuailles sur la table de la cuisine où je petit déjeunais. Il expliqua alors que je repoussais mon bol:
- Voici ce que vous avez demandé Maitre, et voici une partie du paiement: une tourtes aux airelles et les confitures faites avec celles qui restaient de notre cueillette. Nous nous tenons à votre disposition pour la dernière partie de ce que nous vous devons, pour la tâche que vous souhaiterez, quand vous le souhaiterez.
Un peu prit au dépourvu, j'acquiesçais, prit ce que j'avais besoin pour l'enchantement, m'excusais et filais retrouver mon maitre à l'étage, auprès duquel je m'inquiétais:
- Maitre, euh... des enfants souhaitent me payer en pâtisserie, confiture et corvée...
- Et une corvée en plus de tout ça!? Tu as du les impressionné! répondit-il en baillant.
Si je m'attendais à de la surprise de sa part, ce n'était pas vraiment dans ce sens... Le remarquant, le vieux mage expliqua:
- Les marchands utilisent la monnaie pour commercer, mais nous n'en sommes pas. Les mages rendent des services en échange d'autres. C'est comme ça que nous avons à manger à chaque repas et du bois de chauffe pour les veillées.
- Ah... fut tout ce que je trouvais à dire.
- Généralement, aux enfants, je leur demande de ramener des baies ou des herbes, rien de trop dur. Fais en de même, et tant qu'à faire, enchante ici, ce que nous faisons ne dois pas paraître simple, même si cela ne l'est pas.
- Bien Maitre.
Mon enchantement réalisé, imbriqué dans le pendentif de fortune, je redescendis au rez-de-chaussé où m'attendaient les enfants. Me drapant dans l'assurance dont tous les mages doivent être pourvu à foison et tendant le bout de bois percé enfilé sur la cordelette comme s'il s'agissait d'une précieuse relique, je donnais le mode d'emplois:
- Passez-le autour du cou et ne le retirez pas tant que l'enchantement est en fonctionnement! Tournez-le vers la droite pour monter, et vers la gauche pour redescendre.
J'omis volontairement de préciser que je l'avais bridé à la hauteur de deux étages pour minimiser le risque de blessure, hauteur qui de toute façon était rarement atteinte au bourg.
